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May4

AlUla, l’oasis qui valait 15 milliards de dollars : le projet pharaonique de l’Arabie saoudite pour créer un nouveau centre culturel mondial

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AlUla, l’oasis qui valait 15 milliards de dollars : le projet pharaonique de l’Arabie saoudite pour créer un nouveau centre culturel mondial

La cité nabatéenne de Hégra, l'un des plus importants vestiges préislamiques de la vallée d'AlUla, sera au cœur du projet d'aménagement « Journey Through Time » © RCU

La Commission Royale pour AlUla a dévoilé les différentes composantes du « masterplan » d'aménagement de l'oasis d'AlUla. Couvrant une surface de la taille de la Belgique, ce gigantesque complexe contiendra des musées, des galeries, des reconstitutions historiques et un immense centre de recherche en archéologie.​
 
« Journey Through Time », ou « Voyage dans le Temps » en français. Non, ce n’est pas le titre du prochain film d’animation Disney mais bien l’intitulé du plan d'investissement pour AlUla, une région située au nord-ouest de l’Arabie saoudite. Destinée à devenir la capitale culturelle du royaume, la vallée fluviale (wadi, en arabe) d’AlUla accueillera, d’ici 2035, 15 nouvelles infrastructures réparties sur près de 30 000 km², soit la superficie de la Belgique. Dévoilé le 8 avril dernier, le plan prévoit notamment un immense centre de recherche en archéologie, le Kingdoms Institute, qui se penchera sur les 7000ans d'histoire de la région, notamment la période préislamique. Avec ce projet culturel et touristique de grande ampleur, le prince héritier Mohammed Ben Salman espère bien acter son rapprochement avec l’Occident et développer massivement le tourisme dans le royaume. Mais saura-t-il convaincre les investisseurs ?
 
 
AlUla monumentale
 
Les investissements annoncés pour AlUla ont de quoi impressionner. Le projet total est estimé à 15 milliards de dollars, soit 12,5 milliards d’euros, qui permettront la construction de 15 infrastructures, réparties sur 5 districts. Ces districts correspondent à cinq sites patrimoniaux de grande importance, notamment l’ancienne capitale lihyanique de Dadan, la vieille ville d’AlUla et la cité nabatéenne de Hégra. L’ensemble de ces nouveaux aménagements sera réparti le long d’une promenade de 20 kilomètres de long et sera complété par 10 millions de mètres carrés d’espaces verts. Musées, galeries, villages d’époque reconstitués, AlUla se présente comme un projet total d’étude et de valorisation  archéologique, artistique, historique mais aussi géologique et biologique de la région, depuis le Néolithique jusqu’à nos jours. L’immense complexe ouvrira suivant trois échéances (2023, 2030 et 2035) et se veut écoresponsable. Pour ces promoteurs, il s’agit d’un immense musée à ciel ouvert dans lequel le visiteur est invité à s’immerger, et même à séjourner, puisque de nombreux hôtels devraient également être érigés dans l’oasis. Au sein de ce plan, il est tout de même à noter que les budgets et investissements brillent par leur absence. Et pour cause, le royaume connait d’importantes difficultés financières et espère bien attirer les investisseurs étrangers en présentant un projet aussi attrayant, tant scientifiquement que d’un point de vue économique.
 

Développer la recherche
 
L’institution phare du plan « Journey Through Time » est sans doute le Kingdoms Institute, un immense institut de recherche en archéologie qui étudiera le peuplement de la péninsule arabique et notamment la région d’AlUla, où l’on retrouve les traces de nombreuses civilisations préislamiques majeures, comme le royaume de Lihyan ou la Natabée, au sein de laquelle se trouvait notamment la cité de Pétra. La zone regroupe également des traces de peuplements beaucoup plus anciens, depuis le Néolithique (10 000 – 5500 av. J.-C.). Pour Jean-François Charnier, conservateur du patrimoine en charge de l’Association française pour le développement d’AlUla : « Le Kingdoms Institute sera le centre de connaissances culturelles le plus important du monde arabe, qui redéfinira l’histoire de l’Arabie et contribuera à repenser l’avenir d’une nation dont les origines remontent à plusieurs millénaires ». L’histoire préislamique del'Arabie saoudite a en effet longtemps été négligée, ce qui se comprend mieux quand on sait que deux des principaux lieux saints de l’Islam se trouvent sur son territoire et que l’islam wahhabite saoudien, très rigoriste, n’est généralement pas favorable à ce genre de démarches.
 
 

Le Kingdoms Institute aura pour mission d’étudier l’ensemble de l’histoire de la péninsule arabe, depuis le Néolithique jusqu’à nos jours © RCU
 
En attendant l’appel à projets architecturaux en 2022 et l’ouverture de l’institut, qui devrait avoir lieu entre 2024 et 2025, des campagnes de fouilles archéologiques ont déjà commencé dans l’oasis. 160 scientifiques, principalement français mais aussi britanniques, australiens et allemands, sont déjà mobilisés pour étudier les vestiges dans la zone. À terme, ce ne sont pas moins de 15 campagnes de fouilles qui seront menées dans toute la vallée pour étudier les 7000 ans d’histoire qu’elle a vu défiler. Si les villes antiques de Dadan et Hégra intéressent particulièrement les chercheurs, ils se sont pour l’instant concentrés sur l’étude des mustatils, des bâtiments rectangulaires du Néolithique où ont été retrouvés des ossements d’animaux et dont on pense qu’ils ont pu avoir une fonction sacrée.

Un projet plus politique qu’il n’y paraît
 
Avec le développement de la région d’AlUla, l’Arabie saoudite souhaite réaliser l’un des projets capitaux du plan « Vision 2030 » du prince héritier Ben Salman. Ce plan d’investissement vise à faire sortir le royaume de son modèle fondé sur la rente pétrolière, qui s’essouffle de plus en plus, pour développer une économie de service, où le tourisme et la culture jouent un rôle important. En créant près de 40 000 emplois dans les secteurs culturel, touristique et hôtelier à AlUla, l’Arabie saoudite amorce un virage historique dans son histoire économique et politique. AlUla sera par ailleurs le premier lieu de tourisme laïc du royaume, avec pour objectif d’attirer 2 millions de touristes par an, soit presque autant que le nombre de participants au Hadj, le pèlerinage annuel des musulmans à La Mecque. Le plan « Journey Through Time » représente donc un changement majeur pour l’Arabie saoudite qui entend étudier et prendre en compte l’intégralité de son histoire, et non plus seulement son histoire islamique.
 


Les vestiges de la ville antique d’AlUla constitueront l’un des cinq districts principaux du complexe archéologique et touristique © RCU
 
L’aménagement culturel d’AlUla représente également une main tendue aux Occidentaux, qui se sentent de plus en plus en phase avec les nouvelles valeurs d’ouverture économique et internationale que prône le prince Ben Salman. Celui-ci essaie à tout prix de faire oublier l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, qui avait entaché la réputation du royaume en 2018, tout comme les violations répétées des droits humains. Ce rapprochement s’est concrétisé en 2018 par la signature d’un pacte de coopération culturelle de 10 ans avec la France, qui avait notamment donné lieu à l’exposition « AlUla, merveille d’Arabie » à l’Institut du Monde arabe en 2020. Sur le plan régional, le développement touristique d’AlUla est également une façon de contrer l’influence croissante des Émirats arabes unis, jusqu’ici préférés par les Européens, et de leur ravir le titre de pôle culturel de la péninsule arabe. Le Louvre Abu Dhabi
 et la vie artistique foisonnante de Sharjah constituent en effet un défi pour une Arabie saoudite qui entend bien dominer la région sur tous les plans.
 
 
 
Vue prévisionnelle de l’un des nombreux musées d’antiquités qui ouvriront leurs portes à l’horizon 2035 © RCU
 
 
www.connaissancedesarts.com
 
 

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