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Hugo et Viollet-le-Duc : le premier sauvetage de Notre-Dame-de-Paris
Hugo et Viollet-le-Duc : le premier sauvetage de Notre-Dame-de-Paris
La crypte archéologique de l'île de la Cité rouvre ses portes avec une exposition rendant hommage au sauvetage de Notre-Dame-de-Paris au 19e siècle rendu possible par Victor Hugo et Eugène Viollet-le-Duc.
Victor Hugo (1802-1885), Souvenir, vers 1864. Plume et lavis d’encre brune, encre noire, fusain, crayon noir, encre dorée, encre bleue, grattages, papier vélin
Si la cathédrale n’est pas près de rouvrir ses portes, la crypte archéologique de l’île de la cité, accessible depuis le parvis Notre-Dame, accueille de nouveau du public à compter de ce mercredi 9 septembre 2020. Elle avait été fermée au lendemain du terrible incendie du 15 avril 2019. Elle-même n’avait heureusement pas subi de dégâts, mais la fermeture du parvis rendait son accès impossible et, surtout, des poussières de plomb s’étaient incrustées dans tout l’espace d’exposition. C’est que les prises d’air qui alimentent la ventilation se situent juste à l’aplomb, et donc au plus près du nuage de plomb causé par l’incendie de la toiture de la cathédrale. "Dès le lendemain, nous avons décidé de préparer une nouvelle exposition, raconte Valérie Guillaume, directrice de la crypte et du musée Carnavalet-Histoire de Paris. Elle serait consacrée aux photographies de la cathédrale et à Victor Hugo." Comme pour rappeler que l’édifice, alors qu’il était menacé de ruine, avait déjà été sauvé une fois, au 19e siècle.
Quand Notre-Dame faillit être détruite
"Le terme de gothique était alors devenu péjoratif, on voulait cacher ce qui évoquait encore le Moyen-Age", précise Charles Villeneuve de Janti, directeur des collections de Paris Musées. En outre, la cathédrale avait été fortement abîmée durant la Révolution. Et si elle avait été rendue au culte par Napoléon en 1802 (où il s’y fut sacré empereur), son état était tel qu’au début du 19e siècle, sa démolition fut sérieusement envisagée. C’est dans ce contexte que Victor Hugo reçut une commande pour ce qui deviendra son roman Notre-Dame-de-Paris, publié en 1831. "Celui-ci dépeint Paris au 15e siècle, raconte Vincent Gille, conservateur à la Maison de Victor Hugo. Victor Hugo révèle une vision matérialiste du bâtiment. Ce n’est pas la cathédrale qu’il dépeint, mais ce qui deviendra le premier monument historique national." Dans l’exposition, on découvre que le poète était aussi dessinateur et qu’il s’est exécuté à plusieurs dessins préparatoires à son œuvre. Il représente l’édifice de façon particulièrement sombre. Annonçant de façon prémonitoire un incendie, avec le feu qu’alluma Quasimodo près de la toiture aujourd’hui disparue pour sauver Esméralda afin de lancer du plomb fondu sur des assaillants depuis la galerie située entre les deux tours.
Renaissance de Notre-Dame et naissance de la photographie
La suite, on la connaît. Le succès de son roman conduira à la décision de sauver la cathédrale. Le chantier fut confié aux architectes Eugène Viollet-le-Duc et Jean-Baptiste Lassus (décédé en 1857). Il durera 20 ans, de 1844 à 1864. Et c’est ici que commence la deuxième partie de l’exposition, qui bénéficie des collections photographiques du musée Carnavalet. Car il se trouve que le sauvetage de Notre-Dame est contemporain de l’invention de la photographie. Le procédé mis au point par Niepce et Daguerre, le daguerréotype, qui produit une image sur une surface d’argent, a été présenté par Arago à l’Académie des sciences en 1839. "Tous les photographes importants sur une vingtaine d’années sont passés par Notre-Dame, raconte Anne de Mondenard, conservatrice en chef au musée Carnavalet. Ils venaient d’abord librement pour vendre ensuite leurs images comme on vend aujourd’hui des cartes postales. Puis, une commande publique a été passée en 1851 à cinq photographes pour faire un état des lieux." On découvre ainsi un véritable témoignage de l’avancée des travaux. Qui démarre avec une cathédrale sans flèche, qui voit son portail et sa rosace restaurés, la galerie des rois remplies d’abord de maquettes puis de sculptures définitives (que l’on distingue par une couleur blanche éclatante), et une nouvelle flèche, inédite, qui apparaît finalement dans les années 1860.
Viollet-le-Duc, inspiré par Victor Hugo
Des travaux que Victor Hugo lui-même ne verra pas, s’étant exilé hors de France à la suite du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851. Mais son empreinte restera immortalisée par la célèbre statue du stryge, pour laquelle Viollet-le-Duc confessa s’être inspiré des premières illustrations du roman. Un stryge toujours présent qui reste jusqu’à aujourd’hui l’un des principaux symboles de Notre-Dame-de-Paris, immortalisé notamment par les photographes Charles Nègres dans les années 1850 ou par Brassaï dans les années 1930, et qui regarde aujourd’hui les travaux de la cathédrale.
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