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Des métropoles en Europe il y a 6 000 ans
Vers 4100 avant notre ère, des milliers de paysans ont fondé des cités bien structurées sur les sols fertiles d’Ukraine. Une civilisation qui a disparu aussi vite qu’elle est apparue.
Johannes Müller Wiebke Kirleis Robert Hofmann (mars 2021) - www.pourlascience.fr
Une restitution de la protoville de Maydanets, découverte en Ukraine.
© Susanne Beyer, Institut de préhistoire et histoire ancienne, université de Kiel
L’Ukraine recèle un trésor incomparable: sa terre noire. Ce sol spectaculairement fertile s’est formé sur des surfaces de lœss, sans doute parce que des humains ont défriché les forêts pour rendre la terre cultivable. Cette transformation des paysages anciens a commencé lorsque, vers – 4800, des paysans se sont installés entre le Prout et le Dniepr. Le sol de cette région interfluviale est si fertile que de grandes agglomérations paysannes sont apparues. Ces protovilles contenaient jusqu’à environ deux mille habitationsen même temps et plusieurs existaient simultanément sur le même territoire. Autrement dit, il y a quelque six mille ans, soit bien avant l’apparition des premières villes en Mésopotamie, l’Europe a vu se constituer des sortes de métropoles.
Les vestiges de ces grandes colonies se trouvent dans les anciennes steppes forestières de l’Ukraine, de la Moldavie et la Roumanie. Ils datent du Chalcolithique, c’est-à-dire l’âge du Cuivre (– 4800 à – 3200). Il y a environ cent trente ans, des chercheurs de Kiev furent les premiers à repérer ces grands sites, mais leur première étude systématique – par la photographie aérienne et la géophysique – a été l’un des hauts faits de l’archéologie soviétique. Les dimensions extraordinaires de ces agglomérations soulèvent bien des questions quant au nombre de leurs habitants, à leur urbanisme, à leur gestion politique et à la capacité de leur population à subvenir à ses besoins. Qu’en sait-on aujourd’hui, notamment dans le cas particulier, que nous avons étudié, de la grande colonie paysanne de Maydanets?
Les archéologues ont découvert 15 protovilles en Ukraine centrale, dont, à proximité les unes des autres, Maydanets, Talianki et Dobrovody. Ces anciennes agglomérations se trouvent aujourd’hui dans une zone agricole à quelque 45 kilomètres de la ville moderne d’Ouman, mais au IVe millénaire avant notre ère, elles étaient au milieu d’une steppe parsemée d’îlots forestiers.
© Shutterstock.com/Rainer Lesniewski
Les débuts de l’agriculture sur la steppe forestière
Le Néolithique a commencé en Europe vers – 6400, quand de premières populations paysannes en provenance d’Anatolie se sont établies par-delà le Bosphore dans de petites fermes isolées, qu’elles déplaçaient souvent. Ces populations ont créé en Europe centrale tout un foisonnement de cultures. Un millénaire après leur arrivée, la plus ancienne culture paysanne comportant des villages permanents – le Rubané (– 5500 à – 4900 ans en Europe centrale), ainsi nommé en raison de ses poteries ornées de rubans – s’est étendue à travers l’Europe centrale jusqu’en Ukraine.
Dans ce dernier pays, l’archéologie aérienne et les prospections géophysiques soviétiques des années 1960 ont cependant révélé un phénomène différent et inattendu: l’apparition d’immenses colonies paysannes. Les datations par le carbone 14 de ces grands sites ont conduit à les attribuer à la phase moyenne de la culture dite de Cucuteni-Trypillia (– 4100 à – 3600). Entre autres caractéristiques, cette culture se reconnaît à des céramiques peintes et décorées de lignes, d’une qualité étonnante.
Comme les autres maisons de la grande agglomération, cette maison communautaire a brûlé. On distingue les restes du bâtiment(à gauche)et la cour vide(à droite).
© Institut de préhistoire et histoire ancienne, université de Kiel
Ces découvertes, notamment les vestiges glaiseux de maisons (incendiées) qui occupaient le milieu d’une cour rectangulaire – ce que les archéologues soviétiques ont nommé desploshchadki–, ont électrisé la communauté des archéologues. Les chercheurs occidentaux ont d’abord douté de la possibilité de colonies aussi vastes, puisque cela contredisait ce que l’on connaissait du Néolithique et de l’âge du Cuivre; puis, dans les années 1980, ils ont fini par admettre qu’il y a plus de six mille ans, de grandes protovilles sont apparues dans la steppe ukrainienne.
Une steppe cultivée remplace la forêt
Ces dernières années, des équipes interdisciplinaires ont renouvelé nos connaissances sur ces sites. Avec l’aide de la Fondation allemande pour la recherche et de l’Institut archéologique allemand et avec nos collègues de Kiev, en Ukraine, et de Chisinau, en Moldavie, nous avons mené pendant plusieurs années des campagnes de mesures géophysiques. Nous avons ainsi pu préciser comment de grandes agglomérations se sont développées à la frontière entre prairie et steppe forestière dans le bassin ukrainien de la Sinyukha. Aujourd’hui, cette région est une plaine couverte par d’immenses champs de blé dur, de soja, de tournesols et autres cultures, bordés de routes le long desquelles on rencontre d’étroits bosquets.
D’après nos diagrammes polliniques (qui relient la stratigraphie et les végétaux révélés par les pollens), il y a environ six mille ans, une steppe forestière s’étendait jusqu’au plateau central russe au nord-est et une steppe herbeuse occupait le sud de l’Ukraine. Au sein de l’ancienne steppe forestière, trois grands sites – Dobrovody, Talianki et Maydanets – sont regroupés au sein d’une région très irriguée, située aujourd’hui à environ 45 kilomètres à l’est de la ville actuelle d’Ouman. Nous en avons dressé des cartes magnétiques, notamment afin de choisir les structures à fouiller en priorité. Étant donné que les agglomérations ont pu compter quelques milliers demaisons simultanément, nous avons choisi de reconstituer les étapes du développement urbain en fouillant certains secteurs, avant de généraliser au site entier.
Nous avons ainsi constaté avec surprise que l’organisation de Maydanets résulte d’une planification urbaine. D’après les datations, les colons sont arrivés vers – 3990. L’emprise de la zone à bâtir a d’abord été défrichée, puis bordée d’un fossé, défensif sans doute. Les pionniers espéraient manifestement un soutien divin, car ils ont sacrifié et enterré diverses denrées à l’intérieur de l’enceinte. Aux abords de la place ovale centrale de la colonie, ils ont installé des fours à poterie d’une conception très technique pour l’époque: trois entrées d’air y assuraient le tirage d’un foyer surmonté par une chambre de cuisson.
Dès les débuts de leur installation, les colons ont créé plusieurs quartiers, ce qui suggère qu’ils voulaient occuper tout l’espace enclos. Ils ont disposé des habitations standardisées de 5 × 10 mètres en neuf anneaux ovales. Des fosses d’extraction d’argile ont été creusées à côté de chaque bâtiment, qui sont devenues des poubelles. La plupart des maisons comportaient deux étages, ce qu’atteste la découverte du type de vestiges incendiés que laissent les bâtiments de plus de 4 mètres de haut (soit un étage); le rez-de-chaussée servait généralement d’entrepôt.
Des quartiers à administration autonome
En vue aérienne, l’agglomération ressemble à l’un de ces forts de chariots qu’établissaient les pionniers dans la Prairie en Amérique du Nord, mais qui serait surdimensionné. Les anneaux y étaient reliés à la place centrale par des chemins radiaux. Un boulevard large de 100 mètres, probablement à usage public, s’intercalait entre le quatrième et le cinquième anneau. Selon nous, chaque quartier regroupait 150 maisons environ et s’administrait lui-même. C’est du moins ce que suggèrent les grandes halles érigées à intervalles réguliers sur le boulevard. D’après le mobilier archéologique qui y a été retrouvé – très différent de celui des habitations – ces bâtiments auraient servi aux habitants du quartier à se réunir pour échanger et prendre des décisions. Nous avons identifié de grandes halles dans toute la surface habitée. Située à l’entrée principale nord-est, l’une d’elles est le plus grand bâtiment du site.
En 2016, nous avons fouillé sur le boulevard les vestiges de l’une des halles, un bâtiment d’une soixantaine de mètres carrés comportant un foyer et une cour murée de quelque 70 mètres carrés. La découverte de pesons, c’est-à-dire de poids de métiers à tisser, de fusaïoles (poids de fuseau de filage) et de meules suggère que l’on y tissait et moulait des céréales. Sans doute y rôtissait-on aussi des viandes. Les recherches ethnographiques nous ont donné des exemples de bâtiments aux fonctions sociales comparables, comme lesmorungs, des cases que construisent les Nagas, une ethnie tibéto-birmane du nord-est de l’Inde, pour y tenir des palabres et mener des activités communautaires.
Cette figurine d’argile fragmentée, qui mesurent un peu plus de 3 centimètres, représentent un bélier.
© Sara Jagiolla, Institut de préhistoire et histoire ancienne, université de KielL’ethnographie nous apprend aussi que les grandes sociétés préindustrielles géraient les tensions sociales en canalisant les conflits et le stress afférent par des rituels. À Maydanets, nous avons mis en évidence nombre de ces pratiques, attestées notamment par des autels où l’on déposait des figurines humaines ou animales modelées en glaise, ou des fosses rituelles dans lesquelles on plaçait une partie des bœufs sacrifiés lors des fêtes.
Entre – 3935 et – 3700, Maydanets a été l’agglomération la plus peuplée: à raison de cinq habitants par foyer, on peut estimer que ses 1 700 maisons abritaient quelque 8500 habitants.
Les fouilles desploshchadkiont mis en évidence leur mode de vie: chaque maison était divisée en zones d’activités différentes. Les meules servant à moudre le grain étaient stockées au rez-de-chaussée, où l’on abritait aussi le bétail. Au premier étage, on transformait le grain dans une antichambre commandant une pièce principale où il y avait un four à coupole, un espace à manger comportant un foyer en forme de table et un lieu de couchage. Un long banc longeait un mur, sur lequel – peut-être à des fins de représentation – des récipients peints et des réserves étaient conservés à la vue de tous.
Dans les fosses-poubelles, nous avons mis au jour des os de bovins, de moutons et de porcs. Grâce à leur analyse isotopique, nous avons établi que ces animaux n’étaient pas seulement gardés à l’étable, mais aussi autour de la maison et sur des pâtures communales proches. Les rapports entre certains isotopes stables traduisent en effet si un animal a été nourri au grain ou gardé sur des champs tout juste moissonnés, s’il a mangé des déchets ou s’il a pâturé dans un bois.
À quelle distance de la protoville se trouvaient les cultures qui la faisaient vivre? Pour l’estimer, il faut mettre en rapport la taille de la population et ses besoins caloriques avec les rendements plausibles des champs et partir du principe qu’il fallait économiser l’énergie. Nous sommes ainsi parvenus à la conclusion que les champs pouvaient se trouver jusqu’à 5 kilomètres de la colonie. Comme nous avons retrouvé une trentaine de figurines représentant des traîneaux à bœufs, nous pensons que les colons réalisaient le transport lourd nécessaire par ce moyen.
Que cultivait-on? Même si les cultures de céréales et de légumineuses ne laissent pratiquement aucun indice, nous avons montré la présence de deux types de blé épeautre (à grains vêtus) – l’amidonnier et l’engrain – , celle de l’orge et celle de pois. Les murs des maisons de Maydanets étaient en effet en torchis, c’est-à-dire en un mélange d’argile et de résidus de battage (paille,etc.). Dans leurs vestiges, nous y avons isolé des phytolithes, c’est-à-dire des dépôts siliceux intracellulaires caractéristiques de l’espèce végétale. Mêlés à ceux de céréales, ceux des «mauvaises herbes», comme la renouée des oiseaux(Polygonum aviculare), la morelle noire(Solanum nigrum)et le chénopode blanc(Chenopodium album), prouvent la richesse des sols arables en nutriments et en azote.
Le grenier à blé chalcolithique
La grande qualité agronomique de la terre noire favorisait (et favorise toujours) la culture de céréales. Grâce aux sédiments, phytolithes et pollens étudiés, nous avons retracé la formation de ce sol si particulier. Manifestement, il s’est formé en même temps que la grande colonie de Maydanets parce que l’élevage et la culture intensive pratiqués accumulaient de l’humus sur du lœss. Les sols boisés sont faciles à distinguer de la terre noire car ils sont bruns. Nous savons, d’après les charbons de bois découverts, que poussaient dans les environs des frênes(Fraxinus), des chênes(Quercus), des ormes(Ulmus). Et, d’après nos calculs, les îlots forestiers entourant Maydanets fournissaient assez de bois.
Par ses abattages d’arbres, la population étendait la steppe herbeuse. Nous avons mis au jour des restes de barbes végétales – ces fibres torsadées qui s’accrochent facilement aux toisons des animaux, forment des boules emportées par le vent et diffusent des grainesau loin; elles indiquent la présence de graminées typiques de la steppe(Stipa), ce qui suggère que le pâturage erratique des moutons et autres animaux d’élevage a diffusé ces graminées de la steppe au sein de la grande clairière d’origine de Maydanets.
Sans des conditions extrêmement favorables à l’agriculture, jamais les grandes agglomérations de la culture de Cucuteni-Trypillia n’auraient pu subsister. Pratiquant une culture intensive, leurs habitants passaient beaucoup de temps à désherber: nos études archéobotaniques révèlent en effet de nombreuses mauvaises herbes proliférant en été, mais aucune persistant toute l’année.
Les habitants de Maydanets transformaient le grain et le stockaient dans leurs maisons et sans doute en partie dans les halles. Après le battage, ils stockaient l’orge sous forme d’épis complets, et l’amidonnier ainsi que l’engrain sous forme d’épillets (leur efflorescence complète), car les grains enveloppés moisissent moins. Il semble que les céréales n’étaient décortiquées qu’au moment de les consommer. Nous avons pu restituer la composition principale des repas: après le décorticage de la céréale, on la cuisait avec des légumineuses, pois ou lentilles…
Nous n’avons, pour le moment, aucun indice de stratification sociale. Certes, les maisons ne sont pas toutes de même taille et il semble que les familles étaient spécialisées, par exemple dans le tissage, la mouture de céréales,etc., mais très peu les distinguent. Cela ne suffit pas pour conclure. Habituellement, les strates sociales se révèlent quand on étudie les nécropoles; or nous n’en avons pas découvert, peut-être parce que, dans la culture de Cucuteni-Trypillia, on incinérait les morts. Ainsi, la principale source d’information sur la stratification sociale nous manque.
Sans squelettes, l’étude du patrimoine génétique de ses porteurs n’est pas non plus possible. Tout juste disposons-nous des vestiges osseux de quatre femmes du territoire de la Moldavie ayant vécu entre – 3500 et – 3100, c’est-à-dire après l’apogée de la culture de Cucuteni-Trypillia. Leur ADN suggère une très grande mobilité: il les relie en effet d’une part au Rubané, d’autre part aux chasseurs-cueilleurs locaux ainsi qu’aux éleveurs de la steppe eurasienne. Or en Europe centrale, des flux de gènes provenant de ces populations steppiques ne sont attestés que beaucoup plus tard, après – 2800 environ, au Néolithique final, au sein de la culture de la céramique cordée qui s’est terminée vers – 2300. Cette dernière culture serait issue notamment de la culture des tombes en fosse des éleveurs de la steppe: les Yamnas.
Dans l’aire de la culture de Cucuteni-Trypillia, il semble que des événements démographiques différents se sont produits: des groupes venus de l’ouest ou de la steppe y sont arrivés au IVemillénaire avant notre ère. Sa population serait donc le produit du mélange dans le bassin de la Sinyukha de groupes différents, qui, ensemble, ont développé un mode de vie et une vision du monde nouveaux, à l’origine des toutes premières métropoles européennes.
Une conurbation s’effondre
Mais pourquoi cette civilisation fut-elle si fugace? L’énigme reste entière. Vers – 3650, après 10 générations seulement, les habitants de Maydanets ont abandonné leur colonie, dont les 1700 maisons ont été incendiées en une fois. Arrivés 350 ans plus tard, les éleveurs Yamnas ne peuvent être considérés comme de possibles conquérants de ces grandes colonies. Ce qui s’est produit à Maydanets a aussi été le lot des 14 autres grandes agglomérations connues des environs.
Certaines de ces protovilles, elles aussi créées vers – 4100, ont été abandonnées plus tôt que Maydanets. Nombre d’entre elles ont prospéré à la même période. Ainsi, outre Maydanets, Talianki (320 hectares, 2200 maisons) et Dobrovody (210 hectares, 1380 maisons) se trouvaient dans un rayon de 15 kilomètres. Il en ressort qu’une densité de population d’environ 500 habitants par kilomètre carré s’est constituée à l’intérieur d’une zone de 60 kilomètres carrés. Cela s’approche des densités de population des conurbations modernes: dans la grande couronne de Paris par exemple, la densité de population atteint 477 habitants par kilomètre carré.
Pourquoi, à partir de – 4100, des populations ont-elles formé de grandes colonies dans le bassin de la Sinyukha? Il est difficile de répondre. La capacité à gérer ces colonies est entre autres due à des innovations techniques, comme le traîneau tiré par animaux. Il semble que ce n’est que parce que les gens ont disposé de ce moyen de transport lourd, efficace en hiver comme en été, qu’ils ont pu se concentrer aussi nombreux et exploiter des champs éloignés. Nous avons été surpris par le fait que, malgré la densité très élevée de cette population préhistorique, elle n’a jamais épuisé son environnement. Il semble que ni la qualité du sol ni le couvert forestier n’ont été dégradés jusqu’à un degré critique. Les habitants de Maydanets semblent avoir été toujours bien nourris et ne jamais avoir manqué de bois pour leurs constructions, leurs feux, leurs fours à poterie et, sans doute, leurs bûchers funéraires.
Selon nous, ce n’est donc pas par manque de ressources que la grande conurbation de l’âge du Cuivre du bassin de la Sinyukha a disparu. Il n’existe aucun indice de sécheresse prolongée, ni de traces du passage de la peste (ou d’autres fléaux) comme on l’a parfois suggéré. On n’a en effet pas détecté la bactérie de la peste dans les quelques restes osseux connus dans la région pour cette période.
La fin de la culture de Cucuteni-Trypillia doit donc s’expliquer autrement. Pour la première période, nous avons documenté plusieurs maisons communales de différentes tailles à Maydanets, mais seule la plus grande des maisons communales semble être restée en service ensuite. À un moment donné, les niveaux intermédiaires de prise de décision au sein de ces sociétés auraient donc disparu. Cela aurait privé les habitants de la possibilité d’échanger. Dès lors, l’impossibilité de régler les problèmes importants a peut-être conduit à un effondrement social. L’ethnographie montre que les processus de décisions dans les salles de palabre des sociétés égalitaires, quoique pas toujours intentionnels, n’en sont pas moins très efficaces. En tout cas, il convient de noter que la culture de Cucuteni-Trypillia s’est effondrée au moment où ces institutions décisionnelles décentralisées semblent avoir été abandonnées au profit d’un centre de décision unique.
Les habitants de ces colonies sont ensuite partis s’installer dans de plus petits villages, puis dans des hameaux. Cette évolution se retrouve, entre autres, dans la culture matérielle: les objets de la vie quotidienne qui, avant – 3700, étaient fabriqués de manière uniforme dans toute l’aire culturelle de Cucuteni-Trypillia ont cessé de l’être après – 3500. De nombreux types de céramique sont alors apparus, ce qui traduit vraisemblablement la diminution des échanges. Plus tard, vers – 3200, avec l’arrivée des éleveurs yamnas, une nouvelle ère s’est mise en place.
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