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Sépultures antiques monumentales à Thérouanne (Pas de Calais)
Sépultures antiques monumentales à Thérouanne (Pas-de-Calais)
Le village de Thérouanne était, dans l’Antiquité, une cité d’importance, capitale des Morins, un peuple que le poète Virgile désigne comme extremi hominum (Énéide VIII, 727), celui des hommes qui habitent l’extrémité du monde, aux confins de la Gaule septentrionale. La ville devient, au Moyen Âge, le siège d’un évêché prospère, avant d’être totalement détruite, sur ordre de Charles Quint, en 1553.
Une des principales nécropoles de l'antique Taverna
Les découvertes anciennes et les fouilles préventives menées sur le territoire de la commune depuis le début des années 1990 ont permis d’identifier quatre nécropoles en périphérie de la ville antique. L’une des plus importantes d’entre elles est localisée au sud de la cité, de part et d’autre de la « Chaussée Brunehaut », la voie romaine qui reliait Tarvenna (Thérouanne) à Nemetacum (Arras). Les premières sépultures sont datées de la première moitié du Ier siècle de notre ère et la nécropole reste active au moins jusqu’au IVe siècle. Elle s’organise en « îlots » funéraires, distants les uns des autres de quelques dizaines de mètres. Des activités artisanales (atelier de potier, chaufournier, etc.) viennent parfois s’établir dans ces espaces laissés libres, entre deux aires funéraires.
Une fouille menée par une équipe de l’Inrap à l’automne 2020 a permis d’explorer un de ces « îlots » funéraires, sur les 845 m² d’un projet de construction de maison individuelle. Les incinérations du IIe ou du début du IIIe siècle de notre ère et quatre inhumations de l’Antiquité tardive sont installées sur le versant qui domine la voie antique.
Sépultures privilégiées en caveaux
Le caractère monumental de deux sépultures en caveau est tout à fait exceptionnel en Gaule du Nord. Les maçonneries en grand appareil de blocs calcaire, construites dans de vastes fosses quadrangulaires creusées dans le substrat crayeux, délimitent un espace interne de plus de 2,5 m², couvert par un plancher en bois. Des indices d’élévation surmontant ces sépultures suggèrent qu’elles devaient être bien visibles depuis la route. Après le dépôt des ossements du défunt incinéré et des offrandes qui l’accompagnent, les accès aux caveaux ont été fermés par des blocs pour en interdire l’accès.
Le caveau le plus monumental a été ré-ouvert une première fois, pour accueillir une inhumation aux côtés du premier défunt incinéré. Soigneusement refermé, il est ré-ouvert une seconde fois pour être pillé, sans doute dès la fin de l’Antiquité.
Dans le second caveau, les urnes funéraires contenant les ossements incinérés de plusieurs défunts ont été déposées, mais la sépulture n’a pas été bouleversée. De nombreuses offrandes en verre ou en céramique (brûle-parfum, gobelets, patères et cruches de tous formats, etc.) sont les témoins matériels des rituels qui accompagnaient les funérailles, comme les libations ou les rites de purification.
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