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May3

Un joyau de l’architecture hispano-mauresque redécouvert à Madrid

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Un joyau de l’architecture hispano-mauresque redécouvert à Madrid

Vue de plafond à caissons en bois de l'église Santa Maria La Blanca à Madrid, après restauration ©Comunidad se Madrid


Dissimulé sous le stuc durant plusieurs centaines d'années, un spectaculaire plafond à caissons en bois de style mudéjar refait aujourd'hui surface dans l'église Santa María la Blanca à Madrid.

Voilà plus de 20 ans que ce bijou hispano-mauresque attendait de revoir le jour. Mercredi 19 février, Marta Rivera de la Cruz, conseillère municipale en charge de la Culture et du Tourisme, mettait officiellement fin à un chantier de restauration de 9 mois sur le plafond de l2église Santa Maria la Blanca, petite église paroissiale du quartier de Canillejas au nord-est de Madrid. Réalisée au milieu du XVIe siècle au-dessus du chevet du sanctuaire, cette spectaculaire structure à caissons en bois était restée dissimulée depuis plusieurs centaines d’années sous un faux plafond couvert de stuc blanc* avant d’être redécouverte par hasard au début des années 2000. Mais, faute de moyens, les travaux de mise au jour et de restauration n’ont pu être entamés que l’année dernière après que la Ville de Madrid a finalement investi 375 000 euros dans le projet.

Sur le chantier de restauration de Santa Maria La Blanca : suppression du faux plafond ©Jesús Caramanzana


La couverture en bois, présentant un état de conservation exceptionnel, a été intégralement dégagée et consolidée, tandis qu’une ancienne ouverture laissant entrer la lumière du jour a été restituée. L’intervention a également révélé la présence, à la base du plafond, d’une frise de décors à la chaux, ornée de motifs floraux et de boucliers franciscains. L’église Sainte Maria La Blanca, datée pour ses parties les plus anciennes du milieu du XVe siècle, renoue ainsi avec son histoire, alors que Canillejas n’était qu’une ville étape sur l’ancienne route royale d’Aragon. De l’avis de certains spécialistes, sainte Thérèse d’Avila aurait d’ailleurs fait étape dans le sanctuaire.


Un joyau de l’architecture castillane

Le couvrement en bois du chevet de l’église Sainte Maria La Blanca constitue aujourd’hui l’exemple le plus remarquable de menuiserie de style hispano-mauresque de Madrid, ce, tant du point de vue des techniques qu’il met en œuvre que de sa valeur artistique intrinsèque. Il est aussi un précieux témoin de l’architecture religieuse rurale espagnole des XVe et XVIe siècle. Les madriers en bois du plafond à caissons, sculptés en surface d’un motif d’écailles couvrant, forment en alternance des polygones et des étoiles.

Vue du plafond à caissons et de la frise avec décor à la chaux de l’église Santa Maria La Blanca à Madrid, après restauration ©Comunidad de Madrid

Ce décor et cette technique sont caractéristiques de l’architecture mudéjar qui se développe dans la péninsule ibérique du XIIe au XVIe siècle en alliant les grands principes de l’art islamique et les différentes tendances européennes, en particulier le gothique. Cette architecture se caractérise par un usage extrêmement raffiné et inventif de la brique et des céramiques vernies mais également par la création de spectaculaires plafonds à caissons en bois sculptés et polychromes, pour les plus sophistiqués. Parmi les exemples le plus remarquables de ce type de décor, citons notamment le plafond de la salle du trône de l’Aljafería de Saragosse ou la Salle de Justice de l’Alcazar à Séville. Par sa simplicité, le plafond de Sainte Maria La Blanca évoque également celui de la Synagogue de la Transition de Tolède.
Classée Bien d’intérêt culturel par la Communauté de Madrid en novembre dernier, l’église Santa María la Blanca conserve encore d’autres secrets : un autre plafond en bois sculpté, bien que plus simple, situé au-dessus de la nef, est toujours dissimulé sous le stuc.

*Le faux plafond a probablement été réalisé durant une épidémie de peste. En cas de pandémie, de nombreux malades étaient rassemblés dans les églises. En couvrant les bâtiments de chaux ou plâtre du sol au plafond, on pensait que l’infection ne pourrait pas se répandre.

Vue du chevet de l’église Santa Maria La Blanca à Madrid et du plafond après restauration ©Comunidad se Madrid

 

www.connaissancedesarts.com

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