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Durendal, Excalibur ou la force des épées
Durendal, Excalibur ou la force des épées
Professeur à l’université de Poitiers, Martin Aurell publie "Excalibur, Durendal, Joyeuse, la force de l’épée", un ouvrage qui revient sur certaines des plus célèbres épées du Moyen Age, pour mieux éclairer l’histoire de ces objets fascinant destinés à l’usage de la force, mais aussi porteurs de pouvoirs nimbés de merveilleux.
Illustration d'épée médiévale.
Au Moyen-Age, l’épée véhicule… des idées. Elle est l’objet de légendes et de traditions. "Elle se prête d’autant plus au mythe qu’elle est le premier des outils que les hommes ont exclusivement fabriqués pour s’entre-tuer !", rappelle l’historien Martin Aurell. Loin donc des lances et des flèches destinées jusque-là à la chasse ou au combat à distance. Apparue dès l’Age du Bronze, vers 1700 avant notre ère, l’épée va être dotée d’un nom par les chevaliers du 12e et 13e siècle, ce qui n’était pas le cas dans l’Antiquité grecque ou romaine : Haute-Claire, Mort-sur-le-Champ, Aigre-Dure… Cet acte leur attribue ainsi une personnalité comparable à celle de leur inséparable monture. Une étroite solidarité existe en effet entre le porteur de l’épée et son arme, devenue une partenaire à part entière, bien plus que le seul instrument de l’exercice de la violence légitime qu’autorise le prestige de son port par les chevaliers combattants.
Les histoires particulières de trois des plus célèbres épées du Moyen Age
"Ce qui m’a intéressé a été de revenir sur l’existence de ces armes et leur présence au cœur de la pensée mythique du Moyen Age, cette pensée sauvage des anthropologues, à la fois proche de nous, avec une certaine rationalité, et en même temps baignant dans le merveilleux et l’imaginaire. Une pensée païenne, pas encore logique, ni rationnelle comme nos catégories modernes", explique l’auteur. Ainsi, Martin Aurell, revient-il sur les histoires particulières de trois des plus célèbres épées du Moyen Age contée par les chansons de geste : Excalibur, la lame du légendaire roi Arthur, apparue dès 1205 dans l’Histoire de Merlin de Robert de Boron, après que Geoffroy de Montmouth l’a d’abord baptisée Caliburne en 1137, et que le roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion (1157-1199) s’est vanté de l’avoir réellement possédée ; Joyeuse, l’épée de Charlemagne, la seule à avoir réellement existé puisqu’elle peut encore être admirée dans le département des Objets d’art du Moyen Age au Musée du Louvre, à Paris.
L'épée mythique de Roland
"L’épée de Charlemagne a en effet servi jusqu’au couronnement de Charles X (1757-1836). Pendant la Révolution française, elle a pu être sauvée avec les objets du sacre, les regalia, assure Martin Aurell. Ou encore Durendal, héroïne de la Chanson de Roland écrite au 12e siècle, que le neveu de Charlemagne, mort en 778 dans la vallée pyrénéenne de Roncevaux, aurait tenté de briser sur un rocher pour "qu’elle ne tombe pas en des mains sarrasines" selon la légende écrite 200 ans après sa mort. Alors que dans les faits, Roland avait été attaqué par une arrière-garde de Vascons (Basques)…
Durendal (ou Durandal) l'épée mythique de Roland apparait pour la première fois dans un guide destiné aux pèlerins se rendant à St Jacques-de-Compostelle, en Galice (Espagne). Selon son auteur, peut-être Aimery Picaud, un clerc de Parthenay (Nouvelle Aquitaine) il fallait se rendre à Blaye, dans l’estuaire de la Gironde, pour admirer Durendal qui y était exposée. Trois siècles plus tard, au 15e siècle, la légende évolue : le culte s’est déplacé dans le Quercy, sur le site de Rocamadour (Lot), où l’épée serait fichée dans un rocher après que Roland l’y a lancée…
Une réflexion sur les épées médiévales, leur représentation dans la société christianisée autant que sur les récits et mythes parvenus jusqu’à nous.
L'épée "dite" de Roland, fichée dans le rocher du sanctuaire religieux de Rocamadour, dans le Parc régional des Causses du Quercy (Lot). © Philippe Roy / Aurimages/AFP
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